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Passage : 20h30-21h30

MOODY MOON (Sortie le 14 avril)

“C’est ça la musique que vous étiez censés faire !” Des retours bien attentionnés et clairvoyants glanés auprès de leurs proches avant la sortie de leur troisième album, aucuns ne cristallise aussi bien le mélange de radicalité, de liberté et de bon en avant qui préside à la réussite de Moody Moon. Après sept années passées tête dans le guidon à ciseler une signature sonore singulière et une série de petits tubes indélébiles, le trio formé par Diane Sagnier et les deux membres de Tristesse Contemporaine, le suédois Leo Hellden et l’anglais Mike Griffts s’est, de leur propre aveu, définitivement trouvé en tant que groupe à part entière sur le successeur des retentissants “Swimming Lessons” (2016) et de “Double dreaming” (2019) : On a passé trois albums à essayer de comprendre. Là on a assumé ce qu’était Camp Claude réellement : trois personnes qui font de la musique ensemble.”

Embarquer dans l’écoute d’un album comme “Moody Moon”, c’est se faire le témoin de l’avènement d’un mélange des genres, de ce que Camp Claude appelait déjà lors de la parution de leur premier album : la sky-wave, un terme carrément foutraque mais on ne peut plus approprié pour qualifier ce mix d’influences chassant du côté des murs de sons du shoegaze, de la raideur de la cold-wave, des synthés et des guitares de la new wave contrebalancés par les nappes et le charme éthérés de la dream-pop et l’amour du format pop du rock des années 2000. Un terme qui, sept ans après, ne trouve pas de meilleure illustration que cet incompressible Moody Moon, troisième album sans compromissions et échafaudé en toute indépendance créative.

Carte blanche donc à Diane, aussi photographe pour une bonne partie de la scène musicale française, pour repenser toute l’identité visuelle de Camp Claude autour d’une esthétique brutaliste épousant à la perfection l’écrin électro-rock de sa paire de producteurs formée par Mike et Leo. Carte blanche aussi à Camp Claude pour s’autoriser toutes les  incartades sonores possibles et imaginables pour un trio avançant sûr de leur son et plus uni que jamais. Un esprit de liberté qui souffle en permanence sur Moody Moon : de l’importance prise par Mike dans son nouveau rôle de producteur et de chanteur aux côtés de Diane, à la maestria instrumentale de Leo en passant par l’incarnation hantée de Diane qui confère à l’ensemble une atmosphère tantôt vaporeuse tantôt rageuse. 

Une reprise de pouvoir créatif qui culmine dès le morceau d’ouverture en forme de statement ironique – “Nothing New”, où Diane et Mike se partagent la vedette dans la plus pure tradition des crossovers rock et rap des années 2000 tout en évoquant un imaginaire nineties – et qui n’a de cesse de prendre à revers par la suite, brouillant les pistes pour mieux faire éclore la nature intemporelle du disque jusqu’à ce “Shadam” (pour le jeu de mots avec shut up) tout droit sorti d’un épisode de Twin Peaks.

Avec ce Moody Moon, Camp Claude nous trimballe au fil d’un univers tout en contraste soufflant le chaud et le glacé à l’instar du clip du très cold wave “Everynight”. Les langoureux “Not Alone” et “Shadam”.Le retour de la voix de Mike sur “Moody Moon” et “Make You Move”. Le souffle rétro de “Crystal in my mind” ou la sensualité folle d’un titre comme “Make you move”. L’écriture à tiroirs toujours plus inestimable de Diane. Le résultat est dense et incarné comme jamais, chaque membre du trio apportant sa singularité pour faire de ce Moody Moon un temps de passage important de la traversée Camp Claude. Un album qui leur permet de passer au-delà du statut de belle promesse et d’affirmer avec force leur présence indispensable dans le paysage musical francophone.